Ce n'est
pas un parcours très original car 80 % des touristes prennent
les mêmes routes que celles que j'ai empruntées. Mais cela permet
de découvrir des paysages magnifiques, la faune et la flore de cette
île et de faire des belles rencontres.
J'ai donc
suivi la Nationale 7 qui part de la capitale Antananarivo et qui
descend jusqu'au canal du Mozambique à la ville de Tuléar. En 2010,
j'avais fait le totalité de la RN7, cette fois-ci, je me suis arrêté
à mi-chemin. Ainsi j'ai réussi à découvrir 4 sites exceptionnels
de Madagascar : la ligne de chemin de fer entre Fianarantsoa et
Manakara ; le canal des Pangalanes ; le parc national de
Ranomafana ; le parc national de l'Andringitra.
La
ligne de chemin de fer entre Fianarantsoa et Manakara :
Un vrai
nid à touristes : c'est bien simple, depuis plus d'un mois à
Antsirabe, je n'ai presque pas vu de vazaha (le nom que donne les
malgaches aux étrangers) et là, dans le wagon première classe,
nous étions une bonne vingtaine. Une vingtaine, mais du coté gauche
s'il vous plaît, car c'est là qu'il y a la meilleure vue pour les
photos.
Cette
ligne relie le centre du pays à la côte Est du pays. Elle permet
des échanges commerciaux et un désenclavement de régions qui
dépendent exclusivement du train. Si l'histoire de la ligne vous
intéresse, vous pourrez certainement voir des émissions de TV, ou
des bons sites Internet pour cela.
Le train
permet de voir des paysages très variés et à chaque gare c'est une
vrai fête pour les habitants. Ils sortent des maisons pour récupérer
des marchandises ou bien vendre de la nourriture aux voyageurs. Et à
chaque gare, le touriste se penche à la fenêtre ou descend du train
pour faire chauffer les batteries de son appareil photo numérique.
Moi, ce
que je préfère, c'est la bouffe ! On trouve un peu de tout :
beignets de toutes sortes, bananes et ananas frais, fruits de la
passion, écrevisses, yaourts, poissons fris, gâteaux au riz... A
chaque gare on peut goûter un produit nouveau et bizarrement je ne
suis jamais rassasié.
Le trajet
est long de 163 kilomètres et dure en général 10 heures. Mais
attention, les pannes sont très courantes et les arrivées se font
généralement de nuit avec quelques heures de retard. Comme il n'y a
qu'une seule locomotive, le voyage retour se fait le lendemain.
Ce trajet
m'a permis de connaître André et son frère ainsi que Stephen.
André est un français qui voyage chaque année à Madagascar
pendant 3 mois depuis 10 ans. Autant dire qu'il connaît très
bien l’île. Allez voir son blog, il est génial :
voyage-aventure-madagascar.over-blog.com.
Stephen est un " petit"
australien de 1,95 mètre et qui passe largement "la
balle" comme on dit
en Haute-Loire. On a sympathisé dans le train, il ne parle pas un
mot de français et comme je voulais reprendre
un peu l'anglais, que nos parcours s'accordaient, nous avons
décidé de rester un peu ensemble pour la suite.
Le
canal des Pangalanes :
Là
aussi, vous trouverez pleins d'infos sur Internet ou dans de nombreux
livres. Long de 430 kilomètres, c'est un axe d'échange important
entre les villes et les villages enclavés de la région Est de
Madagascar. Les touristes s'y déplacent en pirogue et peuvent
déguster une bonne langouste au barbecue sur la plage le midi. On
peut aussi découvrir la culture de la vanille
et la fabrication des huiles essentielles bio. On peut aussi choisir
de remonter en pirogue pour une durée de 3 jours.
Pour moi,
c'est une petite journée au calme le long de la mer, accompagné de
Stephen. Cela m'a également permis de me tromper dans le code de ma
nouvelle carte VISA. Je suis donc désormais sans carte de crédit (à
titre provisoire jusqu'à ma prochaine étape, la Birmanie). Merci
tout de même à Emilie, Matthieu et Colette qui ont tout fait en
France pour me permettre de la récupérer rapidement.
Le
parc de Ranomafana :
C'est la
fin de la boucle sur la côte Est pour le touriste. Ce parc permet de
revenir sur la RN7 dans des paysages de forêt primaire. J'avais
déjà traversé ce parc en 2010 lors d' un trek de 3 jours au milieu
des rizières, des villages isolés et de la forêt humide. Mais
j'avais été tellement malade et épuisé que je me demande encore
comment mon cadavre n'est pas en train de s'y décomposer !
Dans le
parc de Ranomafana, vous pouvez admirer de nombreuses espèces de
lémuriens et en particulier le Golden Bamboo Lemur qui y est
endémique et qui n'a été découvert qu'en 1986. Vous pourrez
également voir des escargots gros comme le poing (savoir si on peut
le manger ?), des caméléons, des cascades et une végétation très
dense et variée. Bref, une sortie organisée d'une grosse
demi-journée avec un guide est indispensable ici.
Avec
Stephen, nous avions Nono comme guide et nous avons réussi à
surprendre 4 espèces de lémuriens avant leur sieste. Ils sont peu
sauvages et guère impressionnés par tous les humains qui leur
tournent autour.
Ranomafana
signifie « eau chaude » en malgache et la ville abrite
une station thermale. Alors à la fin de votre randonnée dans le
parc, pensez à faire comme nous : prenez un bon bain !
Bon, ok l'eau sort à 45°, c'est un calvaire pour rentrer dans la
baignoire (comme pour rentrer dans l'eau du lac du Bouchet lorsque
elle est trop froide, c'est à dire 360 jours dans l'année...), et
si par une force de volonté impressionnante vous y arrivez, vous ne
pourrez pas y rester plus de 5 minutes. Au bout de ce temps infini,
je suis sorti de la baignoire avec la tête qui tournait et le
souffle court et j'avais beau m'éponger, je continuais d’être
trempé par la sueur ! Tout ça permet au moins d'éliminer
l'huile emmagasinée lors de la dégustation quotidienne des beignets
de banane.
Le
parc national de l'Andringintra :
Stephen a
un guide du routard australien qui dit que ce massif permet des
randonnées que l'auteur classe dans les 10 plus belles aux monde. Il
n'en faut pas plus pour me convaincre de poursuivre l'aventure avec
le géant australien jusqu'à la petite ville d'Ambalavao sur la
Nationale 7. C'est d'ici que s'élancent tous les 4x4 que les
randonneurs doivent utiliser pour rejoindre ce parc de 31000
hectares. Comme nous sommes 2, nous négocions les prix au plus bas
en excluant toute la bonne nourriture auquel les vazahas ont droit
habituellement. Nos moteurs fonctionneront au riz-légumes et non au
rhum, steaks de zébus et autres bananes au chocolat qui nous sont
proposés par le guide. C'est quels euros d'économies ! Nous
aurons droit à 3 jours et 2 nuits de randonnées pour 200.000
ariarys chacun (soit 70 euros) avec comme point d'orgue l’ascension
du Pic Boby à 2658 mètres d'altitude.
Nous
embarquons donc dans un 4x4 pour 2h30 de pistes en plus ou moins bon
état pour approcher l'entrée du parc de l'Andringintra (traduisez
« domaine des esprits » en malgache). Les rizières se
succèdent au pied de montagnes arrondies et dégarnies de toute
végétation. Nous voilà en face du massif, sacs à dos harnachés
(nous avons décidé de ne pas prendre de porteur, personnellement
pour voir si je suis capable de faire plusieurs jours avec du poids
sur le dos) et chaussures prêtes à en découdre avec le grès gris
du massif.
Première
surprise, le guide d'Ambalavao nous explique qu'il doit partir et
qu'il nous laisse aux mains d'un guide local. Il s'appelle Justin et
à première vue il ne parle pas trop bien anglais, il va me falloir
faire la traduction. Nous partons sous le soleil de 13 heures en
direction de 2 magnifiques cascades tombant du massif.
Justin
n'est pas trop bavard malgré les questions que je lui pose. Dans une
montée, mes yeux se lèvent et j'aperçois un animal semblable à
une fouine à seulement 5 mètres devant nous. Nous stoppons pour
l'observer un petit moment. Lorsque nous redémarrons, je souhaite en
savoir plus sur cette bestiole. Justin me répond que c'est un
lémurien généralement nocturne et qu'il a oublié le nom... et
c'est tout ! Donc si vous arrivez à l'identifier, c'est avec
plaisir que je souhaiterai connaître le nom de ce «lémurien».
De plus, vous pouvez devenir guide dans le parc car normalement les
guides connaissent tous les animaux et toutes les plantes de leur
parc.
Nous
voyons tout de même des petits caméléons colorés et des
aiguilles montagneuses magnifiques longeant le plateau que
nous arpentons. Après 2h30 de marche, nous voilà au camp pour
planter les tentes et passer la nuit. Un porteur accompagne Justin
pour préparer le repas.
Réveil à
2h30 pour pouvoir admirer le lever du soleil en haut du Pic Boby.
Avec Stephen, nous sommes sur le pied de guerre mais nous devons
réveiller Justin qui comptait bien poursuivre sa nuit. Dés 3h nous
débutons l'ascension à la lueur des lampes frontales, car la lune
et les étoiles sont masquées par d' épais nuages. Au bout de
quelques minutes, Justin nous abandonne pour satisfaire un besoin
naturel et nous demande d'avancer seuls ! Il faut savoir qu'un
guide est responsable de ses clients et qu'il ne doit, normalement,
jamais s'en éloigner, ni les laisser seuls. Et bien, pas le notre !
et pour trouver le chemin dans la nuit, bien que se soit un escalier
naturel à suivre, ce n'est pas toujours facile. Malgré tout, nous
avançons vers le sommet sans savoir ce qui nous entoure. Une fois
rejoint pas Justin, nous voilà pris dans les
brumes. Il fait de plus en plus froid et humide. Nous parvenons enfin
au deuxième plus haut point culminant de Madagascar : il
fait encore nuit. On ne voit pas à 10 mètres avec la brume et il
fait un froid de canard à cause du vent lorsqu'on s'arrête. Malgré
un pantalon, une polaire et un k-way, je regrette amèrement de ne
pas avoir pris un bonnet et des gants (chose totalement improbable à
Madagascar). En plus, après une heure d'attente, les nuages ne
partent pas et nous ne voyons rien du paysage grandiose qui nous a
fait choisir ce trek. Un peu déçus, nous
redescendons aux tentes en perdant 600
mètres d'altitude.
Nous
reprenons une longue route pour la journée alors que le soleil se
décide enfin à percer les nuages. Et le spectacle "Justin"
se poursuit : tout fier, il s’arrête, pointe du doigt quelque
chose et annonce « snake ». Je lui dit ok, c'est un
serpent, mais quoi plus précisément ? une couleuvre, un boa, un
anaconda ? Justin répond simplement « un serpent » !
Ben ouais ! pourquoi se casser la tête à donner des noms trop
compliqués, on est trop difficiles nous autres occidentaux. A peine
reparti, un oiseau décolle devant nous et le bruit des ailes et la
silhouette me sont familiers. Je demande l'identification de la chose
au guide qui répond « un oiseau » bien évidement.
J'insiste un peu et Justin m'annonce « comme un poulet avec des
ailes »... Je lui dis qu'il me semble que c'était une perdrix,
il me dit fièrement « Oui, c'est ça ! Une perdrix !».
Merci pour le renseignement Justin ! Avec Stephen nous attrapons
un sacré fou rire avec cette histoire.
Nous
continuons notre randonnée au pied de cathédrales de granite de 300
mètres de haut (selon Justin). C'est beau et impressionnant à la
fois. Puis vient le paysage lunaire d'un gris cendré surplombant la
vallée du Tsaranoro. Époustouflant ! Pas grand chose à dire
sinon que les photos ne rendent pas la beauté réelle du lieu.
Nous
entamons une descente vertigineuse qui nous conduit de 2100 mètres
d'altitude à moins de 900 dans la vallée. Dur, très dur car ça
tape de toute part : dans les chevilles, genoux et hanches à
causes des escaliers naturels de la montagne, mais aussi sur la tête
et la peau car le soleil de l'après midi donne exactement en face de
nous. Nous finissons la descente rôties comme des poulets à la
broche et presque à bout de force avec Stephen. Et il reste encore
1h30 de marche avant d'arriver au camp pour planter les tentes.
Finalement, nous achevons le calvaire lorsque le chrono de ma montre
annonce 10h de marche dans la journée, 25 kilomètres d'après
Justin et environ 3000 mètres de dénivelé total selon moi.
Le
lendemain matin, le ciel est totalement dégagé après la pluie. Le
massif de l'Andringitra se dévoile à nos yeux. Nous sommes heureux
de notre randonnée malgré les errements de Justin et l'épuisement.
Après une nuit de repos, les jambes sont très douloureuses mais une
fois dégourdies, elles nous portent facilement pendant encore 2h
pour atteindre la station de taxi-brousse la plus proche et rejoindre
Ambalavao.
Pour moi,
le parc de l'Andringitra est magnifique mais n'arrive pas à égaler
le massif d'Isalo. J'ai visité ce parc national en 2010 et depuis je
n'ai pas encore trouvé de beauté naturelle aussi hallucinante. Cet
immense bloc monolithique de grès de 81000 hectares se trouve bien
plus au Sud d'Ambalavao toujours sur la Nationale 7. Les couleurs
sont plus vives, le rose de la roche côtoie le vert des oasis prises
au milieu de canyons profonds et frais. Les plateaux sont moins
lunaires mais plus martiens du fait de la couleur rose. Du lichen
jaune fluorescent donne un coté surnaturel à ces montagnes, la
fraîcheur des canyons alterne avec le chaleur torride des plateaux.
Photos de 2010 dans le massif d'Isalo.
Si
vous y allez vous piquerez sans doute un plongeon dans les
piscines naturelles. Lors d'un séjour à Madagascar, un arrêt au
petit village de Ranohira point de départ des randonnées est
indispensable. La nuit, vous aurez en prime la beauté du ciel étoilé
de l'hémisphère sud sans les lumières parasites des grandes
villes. Ce n'est pas pour moi cette année, mais c'est certain, un
jour je souhaite revoir Ranohira... puis mourir.
PHOTOS EN VRAC
Langoustes au barbecue sur la plage de Manakara.
Poussins radioactifs des Pangalanes.
Lavandières malgaches près du parc de Ranomafana.
Cascade impressionnante du parc de Ranomafana.
Une des 7 espèces de lémurien du parc de Ranomafana.
Un (GROS) escargot, quelle drôle de petite bête...
Les Alpes ? Non, non : la vallée du Tsaranoro
Maki, makoi, maoukilai le maki catta ?
Monsieur LECA rit.
Maki, makoi, maoukilai le maki catta ?
La vallée du Tsaranoro vue de beaucoup plus haut.
Monsieur LECA rit.
Depuis le paysage lunaire.