dimanche 26 janvier 2014

MADAGASCAR : Faire du tourisme !

  C'est bien de faire un peu d'humanitaire mais du vrai tourisme, c'est sympa aussi ! J'ai donc pris une petite quinzaine de jours pour barouder dans le Sud de Madagascar.
  Ce n'est pas un parcours très original car 80 % des touristes prennent les mêmes routes que celles que j'ai empruntées. Mais cela permet de découvrir des paysages magnifiques, la faune et la flore de cette île et de faire des belles rencontres.

  J'ai donc suivi la Nationale 7 qui part de la capitale Antananarivo et qui descend jusqu'au canal du Mozambique à la ville de Tuléar. En 2010, j'avais fait le totalité de la RN7, cette fois-ci, je me suis arrêté à mi-chemin. Ainsi j'ai réussi à découvrir 4 sites exceptionnels de Madagascar : la ligne de chemin de fer entre Fianarantsoa et Manakara ; le canal des Pangalanes ; le parc national de Ranomafana ; le parc national de l'Andringitra.

La ligne de chemin de fer entre Fianarantsoa et Manakara :

  Un vrai nid à touristes : c'est bien simple, depuis plus d'un mois à Antsirabe, je n'ai presque pas vu de vazaha (le nom que donne les malgaches aux étrangers) et là, dans le wagon première classe, nous étions une bonne vingtaine. Une vingtaine, mais du coté gauche s'il vous plaît, car c'est là qu'il y a la meilleure vue pour les photos.
  Cette ligne relie le centre du pays à la côte Est du pays. Elle permet des échanges commerciaux et un désenclavement de régions qui dépendent exclusivement du train. Si l'histoire de la ligne vous intéresse, vous pourrez certainement voir des émissions de TV, ou des bons sites Internet pour cela.
  Le train permet de voir des paysages très variés et à chaque gare c'est une vrai fête pour les habitants. Ils sortent des maisons pour récupérer des marchandises ou bien vendre de la nourriture aux voyageurs. Et à chaque gare, le touriste se penche à la fenêtre ou descend du train pour faire chauffer les batteries de son appareil photo numérique.
  Moi, ce que je préfère, c'est la bouffe ! On trouve un peu de tout : beignets de toutes sortes, bananes et ananas frais, fruits de la passion, écrevisses, yaourts, poissons fris, gâteaux au riz... A chaque gare on peut goûter un produit nouveau et bizarrement je ne suis jamais rassasié.
  Le trajet est long de 163 kilomètres et dure en général 10 heures. Mais attention, les pannes sont très courantes et les arrivées se font généralement de nuit avec quelques heures de retard. Comme il n'y a qu'une seule locomotive, le voyage retour se fait le lendemain.
  Ce trajet m'a permis de connaître André et son frère ainsi que Stephen. André est un français qui voyage chaque année à Madagascar pendant 3 mois depuis 10 ans. Autant dire qu'il connaît très bien l’île. Allez voir son blog, il est génial : voyage-aventure-madagascar.over-blog.com.
  Stephen est un " petit" australien de 1,95 mètre et qui passe largement "la balle" comme on dit en Haute-Loire. On a sympathisé dans le train, il ne parle pas un mot de français et comme je voulais reprendre un peu l'anglais, que nos parcours s'accordaient, nous avons décidé de rester un peu ensemble pour la suite.

Le canal des Pangalanes :
  Là aussi, vous trouverez pleins d'infos sur Internet ou dans de nombreux livres. Long de 430 kilomètres, c'est un axe d'échange important entre les villes et les villages enclavés de la région Est de Madagascar. Les touristes s'y déplacent en pirogue et peuvent déguster une bonne langouste au barbecue sur la plage le midi. On peut aussi découvrir la culture de la vanille et la fabrication des huiles essentielles bio. On peut aussi choisir de remonter en pirogue pour une durée de 3 jours.
  Pour moi, c'est une petite journée au calme le long de la mer, accompagné de Stephen. Cela m'a également permis de me tromper dans le code de ma nouvelle carte VISA. Je suis donc désormais sans carte de crédit (à titre provisoire jusqu'à ma prochaine étape, la Birmanie). Merci tout de même à Emilie, Matthieu et Colette qui ont tout fait en France pour me permettre de la récupérer rapidement.



Le parc de Ranomafana :

  C'est la fin de la boucle sur la côte Est pour le touriste. Ce parc permet de revenir sur la RN7 dans des paysages de forêt primaire. J'avais déjà traversé ce parc en 2010 lors d' un trek de 3 jours au milieu des rizières, des villages isolés et de la forêt humide. Mais j'avais été tellement malade et épuisé que je me demande encore comment mon cadavre n'est pas en train de s'y décomposer !
  Dans le parc de Ranomafana, vous pouvez admirer de nombreuses espèces de lémuriens et en particulier le Golden Bamboo Lemur qui y est endémique et qui n'a été découvert qu'en 1986. Vous pourrez également voir des escargots gros comme le poing (savoir si on peut le manger ?), des caméléons, des cascades et une végétation très dense et variée. Bref, une sortie organisée d'une grosse demi-journée avec un guide est indispensable ici.
  Avec Stephen, nous avions Nono comme guide et nous avons réussi à surprendre 4 espèces de lémuriens avant leur sieste. Ils sont peu sauvages et guère impressionnés par tous les humains qui leur tournent autour.
  Ranomafana signifie « eau chaude » en malgache et la ville abrite une station thermale. Alors à la fin de votre randonnée dans le parc, pensez à faire comme nous : prenez un bon bain ! Bon, ok l'eau sort à 45°, c'est un calvaire pour rentrer dans la baignoire (comme pour rentrer dans l'eau du lac du Bouchet lorsque elle est trop froide, c'est à dire 360 jours dans l'année...), et si par une force de volonté impressionnante vous y arrivez, vous ne pourrez pas y rester plus de 5 minutes. Au bout de ce temps infini, je suis sorti de la baignoire avec la tête qui tournait et le souffle court et j'avais beau m'éponger, je continuais d’être trempé par la sueur ! Tout ça permet au moins d'éliminer l'huile emmagasinée lors de la dégustation quotidienne des beignets de banane.

Le parc national de l'Andringintra :

  Stephen a un guide du routard australien qui dit que ce massif permet des randonnées que l'auteur classe dans les 10 plus belles aux monde. Il n'en faut pas plus pour me convaincre de poursuivre l'aventure avec le géant australien jusqu'à la petite ville d'Ambalavao sur la Nationale 7. C'est d'ici que s'élancent tous les 4x4 que les randonneurs doivent utiliser pour rejoindre ce parc de 31000 hectares. Comme nous sommes 2, nous négocions les prix au plus bas en excluant toute la bonne nourriture auquel les vazahas ont droit habituellement. Nos moteurs fonctionneront au riz-légumes et non au rhum, steaks de zébus et autres bananes au chocolat qui nous sont proposés par le guide. C'est quels euros d'économies ! Nous aurons droit à 3 jours et 2 nuits de randonnées pour 200.000 ariarys chacun (soit 70 euros) avec comme point d'orgue l’ascension du Pic Boby à 2658 mètres d'altitude.
  Nous embarquons donc dans un 4x4 pour 2h30 de pistes en plus ou moins bon état pour approcher l'entrée du parc de l'Andringintra (traduisez « domaine des esprits » en malgache). Les rizières se succèdent au pied de montagnes arrondies et dégarnies de toute végétation. Nous voilà en face du massif, sacs à dos harnachés (nous avons décidé de ne pas prendre de porteur, personnellement pour voir si je suis capable de faire plusieurs jours avec du poids sur le dos) et chaussures prêtes à en découdre avec le grès gris du massif.
  Première surprise, le guide d'Ambalavao nous explique qu'il doit partir et qu'il nous laisse aux mains d'un guide local. Il s'appelle Justin et à première vue il ne parle pas trop bien anglais, il va me falloir faire la traduction. Nous partons sous le soleil de 13 heures en direction de 2 magnifiques cascades tombant du massif.
  Justin n'est pas trop bavard malgré les questions que je lui pose. Dans une montée, mes yeux se lèvent et j'aperçois un animal semblable à une fouine à seulement 5 mètres devant nous. Nous stoppons pour l'observer un petit moment. Lorsque nous redémarrons, je souhaite en savoir plus sur cette bestiole. Justin me répond que c'est un lémurien généralement nocturne et qu'il a oublié le nom... et c'est tout ! Donc si vous arrivez à l'identifier, c'est avec plaisir que je souhaiterai connaître le nom de ce «lémurien». De plus, vous pouvez devenir guide dans le parc car normalement les guides connaissent tous les animaux et toutes les plantes de leur parc.
  Nous voyons tout de même des petits caméléons colorés et des aiguilles montagneuses magnifiques longeant le plateau que nous arpentons. Après 2h30 de marche, nous voilà au camp pour planter les tentes et passer la nuit. Un porteur accompagne Justin pour préparer le repas.
  Réveil à 2h30 pour pouvoir admirer le lever du soleil en haut du Pic Boby. Avec Stephen, nous sommes sur le pied de guerre mais nous devons réveiller Justin qui comptait bien poursuivre sa nuit. Dés 3h nous débutons l'ascension à la lueur des lampes frontales, car la lune et les étoiles sont masquées par d' épais nuages. Au bout de quelques minutes, Justin nous abandonne pour satisfaire un besoin naturel et nous demande d'avancer seuls ! Il faut savoir qu'un guide est responsable de ses clients et qu'il ne doit, normalement, jamais s'en éloigner, ni les laisser seuls. Et bien, pas le notre ! et pour trouver le chemin dans la nuit, bien que se soit un escalier naturel à suivre, ce n'est pas toujours facile. Malgré tout, nous avançons vers le sommet sans savoir ce qui nous entoure. Une fois rejoint pas Justin, nous voilà pris dans les brumes. Il fait de plus en plus froid et humide. Nous parvenons enfin au deuxième plus haut point culminant de Madagascar : il fait encore nuit. On ne voit pas à 10 mètres avec la brume et il fait un froid de canard à cause du vent lorsqu'on s'arrête. Malgré un pantalon, une polaire et un k-way, je regrette amèrement de ne pas avoir pris un bonnet et des gants (chose totalement improbable à Madagascar). En plus, après une heure d'attente, les nuages ne partent pas et nous ne voyons rien du paysage grandiose qui nous a fait choisir ce trek. Un peu déçus, nous redescendons aux tentes en perdant 600 mètres d'altitude.
  Nous reprenons une longue route pour la journée alors que le soleil se décide enfin à percer les nuages. Et le spectacle "Justin" se poursuit : tout fier, il s’arrête, pointe du doigt quelque chose et annonce « snake ». Je lui dit ok, c'est un serpent, mais quoi plus précisément ? une couleuvre, un boa, un anaconda ? Justin répond simplement « un serpent » ! Ben ouais ! pourquoi se casser la tête à donner des noms trop compliqués, on est trop difficiles nous autres occidentaux. A peine reparti, un oiseau décolle devant nous et le bruit des ailes et la silhouette me sont familiers. Je demande l'identification de la chose au guide qui répond « un oiseau » bien évidement. J'insiste un peu et Justin m'annonce « comme un poulet avec des ailes »... Je lui dis qu'il me semble que c'était une perdrix, il me dit fièrement « Oui, c'est ça ! Une perdrix !». Merci pour le renseignement Justin ! Avec Stephen nous attrapons un sacré fou rire avec cette histoire.
  Nous continuons notre randonnée au pied de cathédrales de granite de 300 mètres de haut (selon Justin). C'est beau et impressionnant à la fois. Puis vient le paysage lunaire d'un gris cendré surplombant la vallée du Tsaranoro. Époustouflant ! Pas grand chose à dire sinon que les photos ne rendent pas la beauté réelle du lieu.
  Nous entamons une descente vertigineuse qui nous conduit de 2100 mètres d'altitude à moins de 900 dans la vallée. Dur, très dur car ça tape de toute part : dans les chevilles, genoux et hanches à causes des escaliers naturels de la montagne, mais aussi sur la tête et la peau car le soleil de l'après midi donne exactement en face de nous. Nous finissons la descente rôties comme des poulets à la broche et presque à bout de force avec Stephen. Et il reste encore 1h30 de marche avant d'arriver au camp pour planter les tentes. Finalement, nous achevons le calvaire lorsque le chrono de ma montre annonce 10h de marche dans la journée, 25 kilomètres d'après Justin et environ 3000 mètres de dénivelé total selon moi.
  Le lendemain matin, le ciel est totalement dégagé après la pluie. Le massif de l'Andringitra se dévoile à nos yeux. Nous sommes heureux de notre randonnée malgré les errements de Justin et l'épuisement. Après une nuit de repos, les jambes sont très douloureuses mais une fois dégourdies, elles nous portent facilement pendant encore 2h pour atteindre la station de taxi-brousse la plus proche et rejoindre Ambalavao.
  Pour moi, le parc de l'Andringitra est magnifique mais n'arrive pas à égaler le massif d'Isalo. J'ai visité ce parc national en 2010 et depuis je n'ai pas encore trouvé de beauté naturelle aussi hallucinante. Cet immense bloc monolithique de grès de 81000 hectares se trouve bien plus au Sud d'Ambalavao toujours sur la Nationale 7. Les couleurs sont plus vives, le rose de la roche côtoie le vert des oasis prises au milieu de canyons profonds et frais. Les plateaux sont moins lunaires mais plus martiens du fait de la couleur rose. Du lichen jaune fluorescent donne un coté surnaturel à ces montagnes, la fraîcheur des canyons alterne avec le chaleur torride des plateaux.
 Photos de 2010 dans le massif d'Isalo.
  Si vous y allez vous piquerez sans doute un plongeon dans les piscines naturelles. Lors d'un séjour à Madagascar, un arrêt au petit village de Ranohira point de départ des randonnées est indispensable. La nuit, vous aurez en prime la beauté du ciel étoilé de l'hémisphère sud sans les lumières parasites des grandes villes. Ce n'est pas pour moi cette année, mais c'est certain, un jour je souhaite revoir Ranohira... puis mourir.


 PHOTOS EN VRAC 

Langoustes au barbecue sur la plage de Manakara.
Poussins radioactifs des Pangalanes.
Lavandières malgaches près du parc de Ranomafana.
Cascade impressionnante du parc de Ranomafana.
Une des 7 espèces de lémurien du parc de Ranomafana.
Un (GROS) escargot, quelle drôle de petite bête...
Les Alpes ? Non, non : la vallée du Tsaranoro
Maki, makoi, maoukilai le maki catta ?
La vallée du Tsaranoro vue de beaucoup plus haut.

Monsieur LECA rit.
Depuis le paysage lunaire.